Suite à certaines remarques : « C’est normal, c’est l’été », « on a déjà connu cela par le passé », « arrêtez de nous bassiner avec votre canicule », voici un point pour remettre les choses au clair sur l’épisode de canicule remarquable à venir et surtout à ne pas négliger…
Quand parle-t-on de canicule ?
Lorsque les températures sont anormalement élevées pendant plusieurs jours consécutifs, on évoque le terme de vague de chaleur (cela dépend du climat, des activités et des dispositifs mis en place dans la région en question).
D’après l’instruction interministérielle du 22 mai 2018, on parle de :
- Pic de chaleur : exposition de courte durée (un ou deux jours) à une chaleur intense présentant un risque pour la santé humaine, pour les populations fragiles ou surexposées, notamment du fait de leurs conditions de travail et de l’activité physique ; il peut être associé au niveau de vigilance météorologique jaune ;
- Episode persistant de chaleur : températures élevées qui perdurent dans le temps (supérieure à trois jours) pour lesquels les IBM (indicateurs biométéorologiques) sont proches ou en dessous des seuils départementaux ; ces situations constituant un danger pour les populations fragiles ou surexposées, notamment du fait de l’activité physique ; il peut être associé au niveau de vigilance météorologique jaune ;
- Canicule : période de chaleur intense pour laquelle les IBM dépassent les seuils départementaux pendant trois jours et trois nuits consécutifs et susceptible de constituer un risque pour l’ensemble de la population exposée, elle est associée au niveau de vigilance météorologique orange ;
- Canicule extrême : canicule exceptionnelle par sa durée, son intensité, son étendue géographique, à fort impact sanitaire, avec apparition d’effets collatéraux ; elle est associée au niveau de vigilance météorologique rouge.
Une canicule survient généralement avec un réchauffement très important de l’air, ou avec une invasion d’air très chaud, qui provoque notamment une baisse significative de l’amplitude thermique entre le jour et la nuit, la chaleur s’accumulant plus vite qu’elle ne s’évacue par convection ou rayonnement. Sur nos régions, les seuils de canicule qui aident à la décision pour passer en vigilance orange canicule sont les suivants :
Vers un épisode de canicule à venir historique ?
L’épisode de canicule à venir pourrait être d’une forte voire exceptionnelle intensité pour un mois de juin. En effet, selon Météo France, « depuis 1947, seule la vague de chaleur du 18 au 28 juin 2005 avait été aussi précoce. L’épisode attendu s’annonce bien plus intense, sans précédent au mois de juin. »
Par ailleurs, comme cette canicule se produira au moment où les jours sont les plus longs, le soleil chauffera donc énormément les sols et la masse d’air près du sol par conséquent… Les nuits étant courtes, les températures auront du mal à descendre sous les +20°C…
Pour rappel, voici les vagues de chaleur les plus remarquables observées en France depuis 1947 d’après Météo France :
- Un épisode d’intensité exceptionnelle du 2 au 17 août 2003.
- Des épisodes de forte intensité du 24 juillet au 8 août 2018, du 22 juillet au 4 août 1947, du 9 au 31 juillet 1983 et du 10 au 30 juillet 2006.
- Des épisodes d’intensité modérée en 1947 (du 14 au 20 août), 1952, 1957, 1975, 1976, 1990, 1994, 1998 et 2005.
Il est donc très probable que cette vague de chaleur à venir soit au minimum proche de 2003 au niveau de l’intensité.
Au mois de juin, le dernier épisode de canicule en France remonte à juin 2017 (19 au 22 juin).
D’autres canicules historiques ont lieu par le passé comme en 1911 où une bonne partie de l’Europe a été touchée par une vague de chaleur « meurtrière ».
Peut-on comparer cette canicule à venir à celle de 2003 ?
1. Comparaison des centres d’action
Début août 2003, on a observé une situation de blocage anticyclonique de type oméga sur l’Europe de l’Ouest.
Fin juin 2019, une goutte froide positionnée au large de la péninsule ibérique se retrouve piégée au cœur d’une barrière anticyclonique. Cette anomalie dépressionnaire joue le rôle de pompe à chaleur. Elle favorise également une pulsion anticyclonique sur l’Europe de l’Ouest.
2. Comparaison de la masse d’air
En août 2003, la masse d’air vers 1500m d’altitude a approché les +24°C/+25°C sur une partie Sud du pays. Elle a été globalement sèche avec un faible taux d’humidité.
Cette année, les températures vers 1500m d’altitude sont nettement plus élevées avec +28°C possibles sur un bon quart Sud Ouest du pays jeudi 27 juin. La masse d’air se montre assez humide avec un taux d’humidité plus élevé qu’en 2003. Cela est notamment dû à la goutte froide positionnée au large de la péninsule ibérique.
Dans les deux cas, les masses d’air viennent du Maghreb.
3. Comparaison de la durée
En 2003, l’épisode a duré du 02 au 17 août, soit 15 jours. La barre des +35°C a été dépassée plus de 10 jours de suite par endroits sur une large moitié Sud du pays.
Pour cette fin juin / début juillet 2019, l’épisode a débuté ce 24 juin et terminera au plus tôt début juillet, soit au moins 7 jours. La barre des +35°C serait dépassée 3 à 7 jours selon les régions.
On notera que la durée de l’épisode de 2003 a permis d’avoir des températures exceptionnellement hautes pendant plusieurs jours. Cette fin juin 2019, c’est l’intensité et la période de l’année (jours les plus longs) qui donneront des valeurs exceptionnellement hautes.
En résumé, la canicule de cette fin juin 2019 serait à priori plus courte que celle d’août 2003 (à prendre avec des pincettes) mais elle serait aussi forte au niveau de l’intensité (voire plus intense).
Quels sont les records de chaleur à battre ?
Voici les normes en juin et les records mensuels et absolus de chaleur à battre sur les principales stations de Météo France :
Avec des températures maximales prévues entre +35°C et +40°C (localement +41°C/+42°C possibles) sur nos régions Centre-Val de Loire et centrales entre mercredi 26 et vendredi 28 juin, de nombreux records mensuels vont donc probablement tomber… Certains records absolus semblent aussi menacés !
Par ailleurs, on se situera 15°C à 18°C au dessus des normales de saison, ce qui est EXCEPTIONNEL !!!
Voici quelques autres chiffres clé à battre en France d’après les données de Météo France (top 3 des températures maximales les plus élevées) :
- 44,1°C le 12 août 2003 à Saint-Christol-les-Alès & Conqueyrac (Gard) ;
- 44°C le 6 août 2003 à Conqueyrac (Gard) ;
- 43,9°C le 4 août 2003 à Saint-Géry (Lot).
Peut-on faire un lien avec le réchauffement climatique ?
Il est encore trop tôt pour affirmer un lien direct avec le réchauffement climatique car nous manquons encore de recul.
Néanmoins, on constate bel et bien une augmentation des vagues de chaleurs depuis la fin du 20ème siècle. Personne ne peut le nier. D’ailleurs, d’après Météo France, « les trois étés les plus chauds depuis 1900 (2003, 2018, 2017) se sont tous produits au 21ème siècle, 2003 étant de loin le plus exceptionnel (près de 1,2 degrés au-dessus de 2018…) »
Certaines projections entrevoient même que leur intensité et leur fréquence devraient augmenter d’ici 2050. Ces épisodes de canicule pourraient aussi se produire de fin mai à début octobre d’ici la fin du 21ème siècle.
Vous l’aurez donc compris, si nous diffusons régulièrement des informations sur cette canicule, cela n’est pas anodin… Pour rappel, plus de 15 000 décès ont été recensés lors de la vague de chaleur de 2003 !!! Ce n’est pas pour faire du SENSATIONNALISME mais bien de la PRÉVENTION !
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