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  • Les gelées tardives et les Saints de glace

    Vous avez été nombreux à nous poser des questions sur les gelées : quand parle-t-on de gelée ? Quelle est la gelée la plus tardive sur nos régions ? D’où vient l’origine des Saints de glace ? Voici quelques éléments de réponse…

    Qu’est ce qu’une gelée ?

    Lorsque la température de l’air est inférieure ou égale à 0°C (point de congélation de l’eau), on parle de gelée. L’apparition des cristaux de glace sur les différents éléments extérieurs (végétation, voitures, etc.) est provoquée par la présence de vapeur d’eau (invisible) dans l’air.

    Cependant, dans certains cas, même une température faiblement négative (autour de -1°C) peut ne pas amener de gelée au sol. Pourquoi ? Ce type de situation apparaît notamment quand les sols sont encore « chauds », par exemple après une journée relativement douce. D’ailleurs, cette configuration météo provoque souvent la formation de brouillard. Il est également possible d’avoir une température de -10°C et n’avoir aucune trace de gelée au sol. Cela se produit quand l’air est très sec, environ 20% par exemple (masse d’air venant de l’Est). Cette valeur a d’ailleurs déjà été observée dans nos régions.

    Aux intersaisons, au printemps et en automne, on parle généralement de gelée de rayonnement. En effet, en journée, les rayons du soleil chauffent le sol. Durant la nuit, ces rayonnements solaires ne parviennent plus jusqu’à celui-ci. Par conséquent, il va libérer toute l’énergie accumulée le jour sous forme de rayonnement infrarouge.

    Lorsque le ciel est clair, le sol se refroidit plus rapidement que l’air ambiant (inversion des températures). Ainsi, au fil de la nuit, la masse d’air près du sol va petit à petit se refroidir. Les zones peu boisées et bien dégagées favorisent une baisse encore plus nette du mercure.

    Situation météorologique propice au risque de gelée « ciel clair » (© Association Météo Centre).

    Lorsque les sols sont enneigés, les rayonnements infrarouges s’évacuent beaucoup plus rapidement dans l’atmosphère. En effet, la perte d’énergie est nettement plus importante lorsque de la neige est présente sur le sol. Ainsi, les températures peuvent fortement chuter dans le courant de la nuit, notamment si la masse d’air est déjà bien froide…

    Situation météorologique propice au risque de gelée « ciel clair et sols enneigés » (© Association Météo Centre).

    Les fonds de vallée ou « cuvettes » sont également d’autres zones propices aux fortes gelées. L’air froid va petit à petit s’accumuler au fond de la « cuvette » au fil de la nuit et rester piégé au fond de celle-ci faisant fortement chuter le thermomètre.

    Situation météorologique propice au risque de gelée « ciel clair, sols enneigés et cuvette » (© Association Météo Centre).

    A contrario, lorsque le ciel est nuageux, les rayonnements infrarouges sont bloqués par la couverture nuageuse, limitant la baisse du mercure.

    Situation météorologique non propice au risque de gelée « ciel nuageux » (© Association Météo Centre).

    On peut aussi distinguer deux autres types de gelée :

    • la gelée d’advection ou « gelée noire » ou « gelée de plein vent » : elle est liée à une advection d’air froid en plein hiver (arrivée d’une masse d’air froid sur le pays) avec un vent « glacial » parfois destructeur pour la végétation. La température de la masse d’air est souvent assez homogène entre le sol et l’air ambiant (gel observé à tous les étages en basses couches) ;
    • la gelée d’évaporation : elle est liée à l’évaporation d’un sol humide surmonté par un air ambiant plus sec. Ce dernier va perdre de l’énergie et va progressivement se refroidir. Tout comme la gelée de rayonnement, la température est généralement très hétérogène entre le sol et l’air ambiant. Comme la perte d’énergie est plus forte tout près du sol, il y fait plus froid (0 à 10 cm), d’où le risque de verglas dès que la température mesurée à 2m sur une station météo est proche ou inférieure à +3°C.

    Les gelées sur les régions Centre Val de Loire et Centrales

    Sur nos régions centrales, on observe les premières gelées en moyenne fin octobre et courant novembre. On appelle une gelée précoce, une gelée apparue avant le 15 octobre et une gelée tardive, une gelée observée après le 15 avril. Sur nos régions, les gelées les plus précoces ont été relevées début septembre (-0,6°C le 05 septembre 1989 à Romorantin) et les plus tardives début juin (-0,8°C le 05 juin 1976 à Romorantin).

    Au niveau de la répartition du nombre de jours de gel par an, c’est en Touraine qu’on en relève le moins (environ 40) et dans le Morvan qu’on en constate le plus (plus de 90). Cela est dû principalement aux climats et microclimats. On observe par exemple un climat plus océanique et doux vers la Touraine et une influence plus continentale et froide vers l’Est. Le climat de type montagnard sur les reliefs de l’Allier et du Morvan favorise également des gelées plus nombreuses et des périodes enneigées beaucoup plus longues. A l’altitude et à l’éloignement des côtes s’ajoutent les microclimats. Ceux-ci peuvent être causés par l’environnement périphérique d’une ville, par une forêt, par des champs, la nature du sol ou encore la proximité d’un cours d’eau. Ils favorisent éventuellement certains paramètres climatiques et peuvent donc avoir une influence sur le nombre de gelées mais aussi sur leur intensité.

    Nombre moyen de jours de gel par an sur nos régions selon les données de Météo France (© Association Météo Centre).
    © Association Météo Centre.

    Les gelées tardives

    Le printemps est synonyme de conflits de masse d’air entre les dernières descentes d’air arctique polaire maritime venant du Nord et les premières remontées d’air tropical venant du Sud. Le printemps est aussi synonyme des jours qui rallongent. Cela a un impact sur l’énergie reçue par nos sols et donc sur la température nocturne. Par exemple, en hiver, les nuits sont plus longues. Si on a la présence d’une masse d’air froid au-dessus de nos têtes (plus la présence de neige au sol) les températures minimales nocturnes seront donc beaucoup plus basses (voir schémas de « situations météorologiques propices au risque de gelée »).

    Voici un exemple illustrant une situation météorologique propice aux gelées tardives en mai.

    Copyright : run 00z 05/05/2019 du modèle GFS via Météociel.

    Sur les schémas précédents, un puissant anticyclone positionné entre le Groenland et l’Ouest de la France a dirigé un flux de Nord sur notre pays et nos régions. Une masse d’air froid d’origine arctique a pu alors « s’engouffrer » sur l’Europe.

    Ainsi, les gelées tardives se forment bien évidemment dans le même contexte qu’en hiver avec un ciel bien dégagé avec très peu ou pas de vent mais la différence est que la durée de la nuit est plus courte, limitant ainsi la température minimale nocturne. Il suffit d’avoir une descente de masse d’air plus froide, pour avoir des gelées plus fortes et destructrices pour les vergers, vignes et autres cultures.

    La résistance des cultures dépend de la culture en elle-même. A noter que la température au niveau de la plante est différente de la température sous station (2m du sol).

    Voici les divers stades végétatifs des arbres fruitiers et leur sensibilité au gel.

    Les divers stades végétatifs des arbres fruitiers (© http://acmg.asso.fr/gel/stades-et-seuils.pdf).
    Sensibilité au gel des différentes espèces fruitières selon les stades végétatifs (© http://www.agrometeo.fr/Fonddoc/geleesprintemps2012.pdf).

    Les saints de glace

    Les saints et le calendrier

    Les 11, 12, 13 mai sont les trois jours sensés marquer la fin des gelées dans nos régions. On parle des Saints de glace ou des Saintes Glaces. Sur votre calendrier, vous trouverez actuellement la Sainte Estelle, la Saint Achille et la Sainte Rolande. A l’origine les trois saints de glace étaient Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais.

    L’origine historique

    Cette croyance populaire en partie tirée de la religion catholique date du Moyen-Âge. Les  paysans de cette époque priaient ces trois saints afin de protéger leurs récoltes d’une chute brutale des températures et des gelées.

    Cependant, malgré cette pratique, il apparaîtrait que ces phénomènes touchaient régulièrement les récoltes. Ceci a sans doute provoqué l’apparition de cette période encore largement reconnue à l’heure actuelle. En effet, d’après cette légende populaire, une fois le 13 mai passé, le gel ne serait plus à craindre dans nos contrées.

    De nombreux dictons sont d’ailleurs encore couramment utilisés, en voici quelques exemples :

    • « Saints Mamert, Pancrace et Servais sont toujours des saints de glace. »
    • « Avant Saint-Servais, point d’été ; après Saint-Servais, plus de gelée. »
    • « Quand la Saint-Urbain est passée, le vigneron est rassuré. »

    Les causes des saints de glace

    L’origine de ce phénomène fait encore polémique, certains évoquent un nuage diffus de poussières sur l’orbite de notre planète. Ces dernières bloqueraient une infime partie du rayonnement solaire, ce qui aurait pour conséquence la baisse des températures pendant quelques heures aux alentours des 12 et 13 mai. D’autres mettent en avant qu’aucune observation n’a confirmé l’existence de ces poussières.

    On peut toutefois s’appuyer sur des faits scientifiquement prouvés. Aux latitudes moyennes de l’hémisphère Nord (les nôtres), le mois de mai correspond en effet à la fin de la circulation rapide des systèmes météorologiques hivernaux. Cependant, le passage de fronts froids reste tout à fait possible, ces derniers pouvant amener une chute brutale des températures voire des gelées (comme on l’a vu précédemment). De plus, si un anticyclone concerne nos régions et que le ciel se découvre la nuit, la perte de chaleur par rayonnement infrarouge est importante. Ceci peut également induire les phénomènes précédemment cités et même si les températures moyennes journalières ont tendance à grimper au fil des jours.

    Les Saintes Glaces annoncent-elles à coup sûr la fin des gelées ?

    Depuis l’année 2000, les villes d’Auxerre, d’Avord, de Bourges, de Châteauroux, d’Orléans et de Tours n’ont pas connu de gelée après le 13 mai. D’un autre côté, d’autres communes ont vécu au moins une fois ce phénomène bien après le 13 mai : Blois (-0,1°C le 15/05/2010), Chartres (-0,2°C le 15/05/2003), Châteaudun (-0,2°C le 14/05/2010), Nevers (-1°C le 17/05/2012 et -0,7°C le 15/05/2003), Romorantin (-0,6°C le 16/05/2012, -1,1°C le 16/05/2010, -0,6°C le 31/05/2006, -0,2°C le 01/06/2006 et -0,7°C le 18/05/2005) et Vichy (-1,4°C le 17/05/2012 et -0,1°C le 16/05/2003).

    Les saints de glace ne sont donc pas infaillibles apparemment dans nos régions. Ils sont toutefois utiles pour les jardiniers et les agriculteurs. Ces dates bien qu’aléatoires à cause des variations locales, voire du réchauffement climatique restent en effet un marqueur dans le monde agricole notamment pour se rappeler quand le printemps prend réellement de la vigueur.

    Gelées et records en mai dans nos régions

    Généralement, le nombre moyen de jours de gel en mai se situe entre 0 et 1 sur la période 1981-2010. La station de Romorantin semble sortir du lot avec 0,7 jour de gel en moyenne au mois de mai.

    © Association Météo Centre.

    Les gelées sont-elles plus rares de nos jours qu’auparavant en France ?

    Les épisodes de froid et de gel tardif sont assez récurrents en mai. Par exemple, il a gelé par endroits sur nos régions les 1er et 02 mai 2018 (quelques autres dates de gel tardif en mai depuis 2010 : 02/05/2016, 04/05/2016, 04/05/2014, 16/05/2012, 17/05/2012, 14/05/2010). Cependant, pour retrouver des gelées aussi généralisées sur nos régions Centre-Val de Loire et Centrales, il faut probablement remonter à début mai 1979, soit il y a 40 ans !

    En effet, d’après Météo France, le 06 mai 2019, on a observé la matinée la plus froide depuis 1979 en France ! Avec une moyenne de températures minimales de +2,5°C, soit 6,1°C sous les normes actuelles, cette date est rentrée dans le top 12 des matinées de mai les plus froides depuis 1947. C’est donc totalement inédit au 21ème siècle pour un mois de mai !

    Sur nos régions Centre-Val de Loire et Centrales, on a mesuré jusqu’à -3,8°C à la station de Romorantin, en Sologne, soit la température la plus basse en plaine en France ! Cette valeur est à +0,4°C du record mensuel sur cette station (record : -4,2°C le 07/05/1957). Quelques autres records ont été approchés (à +0,5°C environ du record) et battus sur le réseau METAR :

    • Tours (37) : -0,2°C ce 06 mai 2019 (record : -0,6°C le 08/05/1974) ;
    • Chartres (28) : -0,5°C ce 06 mai 2019 (record : -1°C le 01/05/1945) ;
    • Pithiviers (45) : -1°C ce 06 mai 2019 (ancien record : -0,5°C le 04/05/1979).

    Toujours d’après Météo France, de telles températures inférieures aux normes étaient plus courantes dans le passé. Depuis 1980, en France, toutes les matinées de mai ont eu un indicateur national de température minimale supérieur à +3,2 °C (sauf ce 06 mai 2019 avec +2,5°C). Avant 1980, les matinées de mai avec indicateur inférieur à +3°C étaient observées de temps en temps : +1,2°C le 01/05/1960, +1,2°C le 07/05/1957, +1,8°C le 05/05/1979, +1,9°C le 03/05/1979, +2,1°C le 01/05/1976, +2,1°C le 01/05/1962, +2,2°C le 07/05/1979, +2,4°C le 04/05/1979, +2,4°C le 02/05/1960, +2,5°C le 03/05/1960, +2,5°C le 06/05/2019, +2,5°C le 03/05/1967.

    © Météo France.

    Ce début mai 2019, quelques flocons ont aussi été signalés localement sur nos départements. Les épisodes neigeux en mai sont rares mais ont déjà été constatés par le passé. Ainsi, entre les 07 et 08 mai 1997, on a relevé jusqu’à 5 cm de neige à Tours (37) !

    Le vignoble de Touraine sous la neige le 07 mai 1997 via Météovilles (© AFP / Daniel Janin).
  • Qu’est ce qu’une vague de froid ?

    Les épisodes de grand froid se font plus rares ces dernières années sur la France… Mais quand parle-t-on de vague de froid ?

    Copyright : la Loire en février 2012 par l’Association Météo Centre.

    Pour en savoir plus sur les vagues de froid, télécharger notre dossier : Qu’est-ce qu’une vague de froid ?

  • COMMENT SE FORME LA NEIGE ?

    COMMENT SE FORME LA NEIGE ?

    Source de joie pour les enfants, cauchemar des automobilistes, la neige fascine… Mais comment se forme-t-elle ?

    Neige à Saint-Cyr-sur-Loire le 06 février 2018 (copyright : Yann Beunaiche pour l’Association Météo Centre).

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    Processus de formation de la neige

    Lorsque l’eau s’évapore, elle va progressivement monter en altitude à la faveur de courants ascendants.

    Au cours de leur ascension, ces petites gouttelettes d’eau rencontrent un air de plus en plus froid.

    Au cœur des nuages froids chargés de particules volatiles microscopiques (des noyaux de condensation et de congélation), la vapeur d’eau se condense en gouttelettes d’eau puis en cristaux de glace à l’origine des flocons de neige : le noyau de congélation favorise la transformation des gouttes d’eau surfondue en grains/cristaux de glace.

    Lorsque le nuage est fortement chargé en vapeur d’eau et que la température interne est largement inférieure à 0°C, les cristaux de glace grossissent et finissent par se précipiter vers le sol du fait de leur poids. En tombant et en traversant diverses couches d’air froid (température inférieure ou proche de 0°C), ces cristaux et/ou petites étoiles de neige s’agglomèrent et forment des flocons.

    Trois conditions sont nécessaires pour que la neige se forme :

    • la température de la masse d’air (à toutes altitudes) doit être très proche de 0°C ou inférieure à 0°C ;
    • la vapeur d’eau doit être présente en assez grande quantité dans l’atmosphère ;
    • de minuscules particules volatiles (poussières, sable, …) doivent être présentes en assez grand nombre dans l’atmosphère.
    Formation de la neige (copyright : Association Météo Centre).

    En France, la neige tombe généralement en plaine lorsque les températures sous abri sont comprises entre -5°C et +1°C (moyenne établie par Météo France). On retrouve des épisodes neigeux en plaine à partir de fin novembre jusqu’au mois d’avril la plupart du temps. Toutefois, il est possible d’observer des chutes de neige précoces en octobre mais aussi des chutes de neige tardives au mois de mai.

    Quels sont les différents types de neige ?

    Il existe trois types de neige en météorologie : la neige sèche, la neige humide et la neige mouillée. La quantité d’eau liquide est un facteur clé pour déterminer le type de neige.

    Les types de neige (copyright : Association Météo Centre).

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    Quels sont les différents types de flocons de neige ?

    Il existe une multitude de formes de flocons de neige mais elles restent difficiles à distinguer car les flocons se mêlent les uns aux autres la plupart du temps. La forme des flocons dépend de plusieurs conditions météorologiques (la température et l’humidité au cœur du nuage notamment). On observe généralement trois types de formes : plaquettes ou assiettes, étoiles et aiguilles ou colonnes.

    Diagramme des formes de flocons selon la température et la sursaturation (Source : intra-science.com / snowcrystals.com/).

    Chaque flocon de neige a une forme unique : aucun ne présente exactement la même apparence ! Des formes aussi uniques que complexes dont l’éclosion est magnifique à voir. Vous pouvez visionner cette vidéo ici : 

     

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    Pourquoi est-il si difficile de prévoir la neige pour les météorologues ?

    La prévision d’un épisode neigeux reste une prévision délicate : il faut attendre 24h voire 12h avant l’épisode en question pour être le plus juste et le plus précis dans les prévisions.

    En effet, la température est le paramètre le plus important lors des prévisions de chutes de neige. Les météorologues doivent prendre en compte la température du sol et près du sol mais ainsi que de la masse d’air présente sur plusieurs kilomètres au-dessus de nos têtes. Dans le cas où la température reste proche de 0°C, la prévision peut devenir difficile. En effet, l’eau peut aussi bien passer à l’état liquide qu’à l’état solide. L’humidité présente dans l’air et le vent sont également des facteurs clés pour déterminer la qualité de la neige.

    Lorsque deux masses d’air rentrent en conflit (froid d’un côté et doux et humide de l’autre), on observe la formation d’une perturbation. Lors d’un épisode neigeux, les météorologues surveillent tout d’abord l’activité et le comportement de cette perturbation grâce à divers paramètres et aux images satellite. Ensuite, ils prennent en compte l’évolution des températures du sol et de l’air. Le relief et l’intensité des précipitations restent également deux éléments déterminants pour bien anticiper l’isotherme 0°C et la limite pluie-neige… Enfin, il faut analyser l’épaisseur et la qualité de la couche de neige déjà présente (ou qui sera éventuellement présente) au sol pour pouvoir prévoir éventuellement du verglas ou une fonte plus ou moins rapide.

    Exemple d’une simulation des précipitations du modèle météo Arpège, run 6z, pour le 9 février 2018 (copyright : Météociel).

    Météo Centre, nous utilisons divers modèles météo (Arôme, Arpège, ICON, WRF ou encore ECMWF) pour réaliser nos prévisions. Un important temps d’analyse et de comparaison des modèles nous est requis pour réaliser la meilleure prévision possible et mieux appréhender les risques de verglas par exemple. Le « live » permet également des réajustements de nos prévisions. En effet, grâce aux images satellite, aux radars précipitations, aux relevés et aux observations des internautes et de nos équipes de terrain, nous pouvons voir l’évolution des températures, une éventuelle tenue de la neige ou encore une possible accentuation de l’intensité des précipitations.

    Neige, pluie ou pluie verglaçante ?

    Comme nous l’avions dit plus haut, un épisode neigeux reste très complexe à prévoir.

    Lorsque les flocons de neige traversent diverses couches d’air où la température est négative dans toutes ces dernières (ou très proche de 0°C), alors il neige. Si les chutes de neige sont assez durables et/ou modérées et/ou que les sols sont froids, on peut alors observer un « manteau blanc ».

    Dans certaines situations, il arrive parfois que la température reste positive (+1°C à +3°C) à plusieurs dizaines de mètres du sol (moins de 300m) : les flocons n’ont pas le temps de fondre et ont le temps de toucher le sol (neige mouillée).

    Dans le cas où les flocons de neige traversent une couche d’air où la température positive puis passent dans une couche d’air près du sol où la température est de nouveau négative, alors on observe de la pluie en état dit « de surfusion ». On appelle cela des pluies verglaçantes. Elles sont très redoutées sur la route car lorsque les gouttes d’eau touchent le sol, d’importantes plaques de verglas peuvent se former.

    Pluie, neige ou de la pluie verglaçante (copyright : Association Météo Centre).

    Comment se forme la neige dite par « isothermie » ?

    La neige peut parfois tomber à basse altitude alors que la température est encore positive. Ce phénomène reste difficile à prévoir car il reste très localisé et peu fréquent.

    En effet, tout dépend de la fluctuation de l’isotherme 0°C (altitude où la température atteint 0°C) et de l’intensité et de la durée des précipitations. Lorsque ces dernières sont durables et soutenues, de l’air très froid en altitude arrive à plonger vers le sol et la température de l’air finit par baisser progressivement. Ainsi, l’isotherme 0°C s’abaisse jusqu’en plaine. D’abord, il pleut puis la neige remplace petit à petit la pluie et il se met à neiger durablement à basse altitude. Moins il y a de vent, plus il y a de chances d’observer ce genre de phénomène. On observe généralement de la neige mouillée et parfois humide.

    Formation de la neige par isothermie (copyright : Association Météo Centre).

    Comment se forme la neige « industrielle » ou « de pollution » ?

    En hiver, lors de conditions anticycloniques, on observe une forte inversion de température. L’air froid reste plaqué contre le sol et empêche les particules de pollution de « s’échapper ». On observe généralement des brouillards près des vallées par ces temps calmes et froids.

    Couplée à la pollution liée aux industries et aux transports, l’humidité présente dans l’air permet de charger l’air ambiant de particules solides (des noyaux de condensation). La vapeur d’eau se fixe sur ces dernières et se transforme en neige très fine lorsque les conditions météo sont favorables (température négative et absence de vent).

    On retrouve cette neige dite « industrielle » notamment près des zones polluées (zones industrielles).

    Les centrales nucléaires apportent également d’importantes quantités de vapeur d’eau dans l’air favorisant le phénomène de neige industrielle (excédent d’humidité).

    La prévision de ces faibles chutes de neige reste très difficile voire impossible puisque les émissions des usines et des transports (particules, etc.) ne sont pas prises en compte dans les modèles météo.

    Formation de la neige industrielle (copyright : Association Météo Centre).

    Alors quelles différences entre neige industrielle et neige « naturelle » ?

    On observe le même processus de formation pour la neige naturelle et la neige industrielle : la vapeur d’eau se fixe et se condense sur des particules solides (des noyaux de condensation).

    A la différence de la neige « naturelle » qui se forme en altitude lors de passages perturbés (front pluvio-neigeux / front neigeux) et touche des surfaces étendues à très étendues (échelle départementale, échelle régionale, échelle nationale), la neige industrielle se forme en basses couches dans des conditions très spécifiques (conditions anticycloniques sans passage perturbé et sans vent avec du froid, de l’humidité et des particules de pollution plaqués près du sol) et touche des surfaces très peu étendues (échelle communale, échelle locale).

    Différences entre la neige industrielle et la neige naturelle (copyright : Association Météo Centre).

    En résumé, on peut observer de la neige industrielle uniquement lorsque les conditions sont anticycloniques (donc non dépressionnaires à l’image de la neige « naturelle ») avec la présence d’un fort taux d’humidité et de froid (températures négatives) en basses couches couplée à des particules fines de pollution (souvent présentes près des zones industrielles).

    La neige industrielle est-elle nocive pour la santé ?

    La neige industrielle est souvent liée à la présence de nombreuses particules fines de pollution en basses couches. Le trafic routier (circulation plus active et dense en hiver en lien avec les conditions météo et les nuits plus longues), le chauffage au bois/au fioul et les usines (zones industrielles) sont des sources d’émission de ces particules fines.

    Cette neige « particulière » permet de se rendre compte des conditions atmosphériques en basses couches avec une importante concentration de particules fines : elle rend « visible » cette pollution cachée et présente dans l’air !

    Les particules fines représentent un danger pour la santé, notamment en hiver à cause des particules de combustion toxiques présentes dans l’air (notamment lorsqu’on brûle du fioul, du diesel ou lorsqu’on chauffe du bois, …). On peut développer des problèmes cardio-vasculaires et respiratoires voire des cancers.

    Les effets de la pollution sur notre santé (copyright : Ministère des Solidarités et de la Santé).

    Et dans la neige industrielle présente au sol, y-a-t-il un danger ? Il vaut mieux éviter de jouer avec et de ne pas l’avaler mais en soit elle reste peu toxique pour notre corps : les quantités de particules fines sont généralement très faibles / infimes dans la neige tombée au sol (la pollution est surtout présente dans l’air qui nous entoure).

    Restez informés : www.meteo-centre.fr.

  • Encore plus frais ce matin

    Bonjour à toutes et à tous,

    les minima sont dans l’ensemble encore plus frais ce matin dans les régions Centre – Val de Loire et Centrales qu’hier.

    Voici les valeurs relevées ce matin :

    Températures minimales du 11 aout 2016
    T°C minimales – 11 août 2016 – Régions Centre – Val de Loire et Centrales

    Aucun record mensuel n’a cependant été battu.

    Bonne journée.