Qu’est-ce qu’une gelée ? Lorsque la température de l’air est inférieure ou égale à 0°C (point de congélation de l’eau), on parle de gelée. L’apparition des cristaux de glace sur les différents éléments extérieurs (végétation, voitures, etc.) est provoquée par la présence de vapeur d’eau (invisible) dans l’air. […]
Les saints de glace ? Les 11, 12, 13 mai sont les trois jours sensés marquer la fin des gelées dans nos régions. On parle des Saints de glace ou des Saintes Glaces. Sur votre calendrier, vous trouverez actuellement la Sainte Estelle, la Saint Achille et la Sainte Rolande. A l’origine les trois saints de glace étaient Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais.
Retrouvez l’intégralité de cet article au format pdf téléchargeable ci-dessous :
Après l’épisode de gelées marquées et dommageables pour la végétation ces derniers jours, de nouvelles gelées sont attendues pour la semaine à venir sur le pays et notre région Centre-Val de Loire…
Copyright : Association Météo Centre.
Une nouvelle advection d’air froid…
Ces prochains jours, une poussée anticyclonique s’opèrera sur le proche atlantique : au fil des jours (lundi 12 au dimanche 18 avril), une puissante barrière anticyclonique s’étirera des Açores vers la Scandinavie en passant par les Iles Britanniques. Dans le même temps, des petites anomalies dépressionnaires glisseront au Sud de l’anticyclone, sur le Sud de l’Europe. Ainsi, les conditions s’annonceront changeantes, plus ou moins lumineuses et fraîches en France (dont notre région Centre-Val de Loire) avec un temps majoritairement sec sur une bonne partie Nord du pays (en raison de la proximité de l’anticyclone) et un temps parfois un peu plus instable (quelques averses) sur le Sud (notamment en fin de semaine, en marge des anomalies dépressionnaires). Les vents dominants basculeront rapidement du secteur Nord-Ouest à Nord-Est avec l’invasion temporaire d’un air froid d’origine polaire maritime (flux de Nord-Ouest) puis d’un apport d’air froid d’origine plus continentale (flux de Nord-Est) par la suite et durant plusieurs jours.
Anomalies des géopotentiels vers 500 hPa (soit 5500m d’altitude) entre les 11 et 18 avril 2021 (copyright : run 00z du 11 avril 2021 du modèle ECMWF via WxCharts). Hautes Pressions / Anticyclones = orange/rouge et Dépressions / Basses Pressions = bleu/violet.
Sous l’influence de ces flux de Nord-Ouest puis de Nord-Est, les températures se situeront alors plusieurs degrés sous les normales de saison avec de nombreuses gelées matinales…
Anomalies de température à 850 hPa soit environ 1500m d’altitude entre les 11 et 18 avril 2021 (copyright : run 0z du 11 2021 des ensembles du modèle ECMWF via Tropical Tidbits). Anomalies chaudes = orange/rouge et anomalies froides = bleu/violet.
Nouveau risque de gel ces prochains jours…
Avec la présence de ces masses d’air froid d’origine polaire maritime et continentale, le risque de gel sera très présent sur une grande partie de la France dont notre région Centre-Val de Loire. Ces gelées seront moins marquées que le denier épisode de froid que nous venons de connaître mais elles pourront une nouvelle fois endommagée la végétation. L’humidité sera également plus présente en basses couches. Le risque de gel évoluera en fonction de la couverture nuageuse au fil des jours. Par ciel clair, on peut s’attendre à des valeurs minimales souvent comprises entre -3°C et 0°C en plaine (localement < -3°C dans certains trous à froid habituels là où l’accumulation d’air froid est importante).
Simulation des températures minimales prévues entre les 12, 13, 14, 15 et 16 avril 2021 (copyright : run 12z du 11 avril 2021 du modèle ICON via Météociel).
Les températures maximales resteront également fraîches pour la saison notamment sur la moitié Nord du pays dont notre région Centre-Val de Loire et avoisineront souvent les +10°C au meilleur de la journée (+8°C à +13°C). Au Sud, il fera un peu « plus doux » et on pourra dépasser les +15°C dans le Sud-Ouest et près de la Méditerranée.
Persistance de conditions globalement sèches jusqu’à la fin avril avec un risque de nouvelles incursions froides ?
Les dernières modélisations laissent entrevoir la persistance de hautes pressions aux hautes latitudes (Atlantique Nord et Scandinavie) et de conditions anticycloniques proches de la France avec tout au plus quelques anomalies dépressionnaires passant près ou sur le pays jusqu’à la dernière décade d’avril : cette configuration météorologique apporterait une dominante sèche sur notre territoire (très mauvaise nouvelle pour nos sols) et d’éventuelles nouvelles incursions froides (très mauvaise nouvelle pour la végétation).Divers autres indices météo vont également dans ce sens... Nous affinerons cela ces prochains jours…
Anomalies des géopotentiels prévues vers 500 hPa (soit 5500m d’altitude) les 22, 24, 26 avril 2021 (copyright : run 00z du 11 avril 2021 du modèle ECMWF via https://www.ecmwf.int/). Hautes Pressions / Anticyclones = jaune/orange/rouge et Dépressions / Basses Pressions = bleu/vert.
Nos prévisionnistes surveillent l’évolution de la situation.
DESCENTE D’AIR FROID ET RISQUE DE GEL MARQUÉ CES PROCHAINS JOURS…
Après le rafraîchissement observé pour ce week-end de Pâques, une importante descente d’air froid d’origine polaire maritime plongera sur la France et notre région Centre-Val de Loire ces prochains jours avec un potentiel non négligeable de gelées dommageables pour la végétation…
Photo via Pixabay.
Descente d’air froid massive ces prochains jours…
Entre ces lundi 5 et mercredi 7 avril, un puissant blocage anticyclonique sera présent sur l’Atlantique Nord et favorisera un décrochage polaire massif sur l’Europe.
Anomalies des géopotentiels vers 500 hPa (soit 5500m d’altitude) entre les 4 et 7 avril 2021 (copyright : run 00z du 4 avril 2021 du modèle ECMWF via WxCharts). Hautes Pressions / Anticyclones = orange/rouge et Dépressions / Basses Pressions = bleu/violet.
Le changement de masses d’air sera brutal ces prochains jours avec cette importante advection d’air froid d’origine polaire maritime sur l’Europe dont la France (températures inférieures à -40°C vers 5500m d’altitude sur l’Europe Centrale). C’est l’une des plus « massives » descentes d’air froid depuis plusieurs dizaines d’années pour un mois d’avril sur notre continent ! Même si l’intensité de celle-ci restera remarquable pour un début avril, il faut rappeler que les coulées d’air froid tardives sont fréquentes au printemps. Toutefois avec le réchauffement climatique, de tels événements paraissent exceptionnels aujourd’hui (tous les 10 ans en moyenne) contrairement à l’époque (au milieu du XXème siècle) où ils étaient plus fréquents (tous les 2 à 3 ans en moyenne).
Descente d’air froid massive du 3 au 6 avril 2021 sur l’Europe (animation : @ScottDuncanWX). Cliquer sur l’animation pour la visualiser.
Après avoir observé une toute fin mars / un tout début avril avec des températures +8°C à +12°C au-dessus des normales, c’est l’inverse qui se produira ces prochains jours : on se situera -12°C à -8°C sous les normes de saison !
Anomalies de température à 850 hPa soit environ 1500m d’altitude entre les 1er et 7 avril 2021 (copyright : run 0z du 4 avril 2021 des ensembles du modèle ECMWF via Tropical Tidbits). Anomalies chaudes = orange/rouge et anomalies froides = bleu/violet.
Passage d’un front froid peu actif lundi suivi de quelques giboulées notamment dans l’Est du pays...
Sur notre pays, un front froid circulera du Nord vers le Sud entre ce lundi 5 avril et la nuit de lundi à mardi avec un flux basculant aux secteurs Nord-Ouest / Nord à l’arrière : il sera surtout actif sur une partie Est du territoire avec de le neige à basse altitude sur nos reliefs de l’Est. Mardi 6 avril, quelques giboulées de neige localisées resteront probables jusqu’en plaine sur un bon 1/4 Nord-Est de la France (notre région Centre-Val de Loire sera en limite mais le risque sera présent entre mardi après-midi et la nuit suivante) avant un asséchement progressif mercredi 7 avril.
Evolution des précipitations (violet = neige, bleu/vert/jaune = pluie) sur l’Europe entre les 5 et 7 avril 2021 (copyright : run 00z du 4 avril 2021 du modèle ECMWF via WXCharts).
Les cumuls des précipitations resteront donc anecdotiques sur bons nombres de régions avec un renforcement de l’assèchement de sols.
Estimation des cumuls de pluie entre les 4 et 7 avril 2021 (copyright : run 00z du 4 avril 2021 du modèle ECMWF via WXCharts).
A l’arrière du front, des averses de neige resteront possibles de manière localisée sur un bon 1/4 Nord-Est du territoire. Les collines normandes, le Nord-Est de la France, les Vosges, le Jura, les Alpes et le Massif-Central seront les zones où le risque neigeux sera présent de manière non significative et localisée. Sur notre région Centre-Val de Loire, on ne pourras pas exclure quelques rares giboulées de neige.
Estimation des cumuls de neige entre les 4 et 7 avril 2021 (copyright : run 00z du 4 avril 2021 du modèle ECMWF via WXCharts).
Gelées marquées et très dommageables pour la végétation en milieu de semaine…
Avec cette importante descente d’air froid, le risque de gel sera très fort entre le mardi 6, le mercredi 7 et le jeudi 8 avril sur la France et notre région Centre-Val de Loire. Le modèle allemand (ICON) entrevoit bien ces probables gelées marquées en milieu de semaine… Ce gel sera potentiellement destructeur pour de nombreuses plantes et arbresen avance et déjà en fleurs ou avec les bourgeons ouverts… Sur notre région Centre-Val de Loire, on peut s’attendre à des températures minimales comprises entre -5°C et -1°C le plus souvent et ponctuellement < à -5°C dans certains trous à froid habituels comme en Sologne et le Sud du Berry où certains secteurs sont propices aux accumulations de froid (fonds de vallées, sols sablonneux). Des points météo réguliers seront réalisés chaque soir pour vous tenir informés des températures précises attendues.
Simulation des températures minimales prévues entre les 6, 7 et 8 avril 2021 (copyright : run 12z du 4 avril 2021 du modèle ICON via Météociel).
Les températures maximales se montreront également bien basses pour la saison avec des valeurs dignes d’un mois de janvier en milieu de semaine (+6 à +9 degrés au meilleur de la journée).
Potentiels records de froid ?
Ces prochains jours, c’est donc principalement le risque de gel qui sera à grandement surveiller. L’indice EFI (Extême Forecast Index) du modèle européen (ECMWF) envoie un fort signal (indice qui tend vers -1) pour d’éventuels records mensuels de froid (pour un mois d’avril).
Indice EFI (Extême Forecast Index) pour les températures minimales du 8 avril 2021 (carte : modèle européen ECMWF : https://www.ecmwf.int/)
En France et sur notre région Centre-Val de Loire voici quelques records à battre :
en France :
Auxerre-Perrigny (89) : -5,2°C le 12/04/1986 ;
Bordeaux-Mérignac (33) : -5,3°C le 07/04/1929 ;
Brest-Guivapas (29) : -2,3°C le 11/04/1978 ;
Chamonix (74) : -15°C le 23/04/1911 ;
Clermont-Ferrand (63) : -7,1°C le 08/04/2003 ;
Lille-Lesquin (59) : -4,7°C le 09/04/1968 ;
Lyon-Bron (69) : -4,4°C le 10/04/1949 ;
Montpellier-Aeroport (34) : -1,7°C le 06/04/1970 ;
Nantes-Bouguenais (44) : -2,8°C le 07/04/2008 ;
Paris-Montsouris (75) : -3,5°C le 13/04/1879 ;
Strasbourg-Entzheim (67) : -5,6°C le 21/04/1938 ;
Toulouse-Francazal (31) : -4,1°C le 07/04/1929.
Records mensuels de froid pour un mois d’avril en France (données : Météo France via Météociel).
sur notre région Centre-Val de Loire :
Avord (18) : -5,5°C le 09/04/1977 ;
Blois-le-Breuil (41) : -3,4°C le 21/04/1991 ;
Bourges (18) : -3,7°C le 12/04/1986 ;
Chartres (28) : -4,9°C le 04/04/1973 ;
Châteaudun (28) : -6°C le 12/04/1978 ;
Châteauroux-Déols (36) : -4,2°C le 07/04/1929 ;
Orléans-Bricy (45) : -4,5°C le 30/04/1938 ;
Romorantin (41) : -7,1°C le 04/04/1973 ;
Tours (37) : -3,4°C le 21/04/1991…
Records mensuels de froid pour un mois d’avril sur notre région Centre-Val de Loire (données : Météo France via Météociel).
Redoux en fin de semaine avant un nouveau rafraîchissement pour le week-end ?
Les hautes pressions regonfleraient en fin de semaine sur le pays avec une bascule du flux au secteur Sud-Ouest favorisant une hausse des températures. Le risque de gel deviendrait alors de plus en plus limité dès le vendredi 9 avril.
L’anticyclone se décalerait progressivement vers l’Europe Centrale pour notre week-end du 10 et 11 avril avec un flux tournant au secteur Nord-Ouest sur le pays. Les températures baisseraient de nouveau. Nous confirmerons cela dans les prochains jours.
Nos prévisionnistes surveillent l’évolution de la situation.
Vous avez été nombreux à nous poser des questions sur les gelées : quand parle-t-on de gelée ? Quelle est la gelée la plus tardive sur nos régions ? D’où vient l’origine des Saints de glace ? Voici quelques éléments de réponse…
Qu’est ce qu’une gelée ?
Lorsque la température de l’air est inférieure ou égale à 0°C (point de congélation de l’eau), on parle de gelée. L’apparition des cristaux de glace sur les différents éléments extérieurs (végétation, voitures, etc.) est provoquée par la présence de vapeur d’eau (invisible) dans l’air.
Cependant, dans certains cas, même une température faiblement négative (autour de -1°C) peut ne pas amener de gelée au sol. Pourquoi ? Ce type de situation apparaît notamment quand les sols sont encore « chauds », par exemple après une journée relativement douce. D’ailleurs, cette configuration météo provoque souvent la formation de brouillard. Il est également possible d’avoir une température de -10°C et n’avoir aucune trace de gelée au sol. Cela se produit quand l’air est très sec, environ 20% par exemple (masse d’air venant de l’Est). Cette valeur a d’ailleurs déjà été observée dans nos régions.
Aux intersaisons, au printemps et en automne, on parle généralement de gelée de rayonnement. En effet, en journée, les rayons du soleil chauffent le sol. Durant la nuit, ces rayonnements solaires ne parviennent plus jusqu’à celui-ci. Par conséquent, il va libérer toute l’énergie accumulée le jour sous forme de rayonnement infrarouge.
Lorsque le ciel est clair, le sol se refroidit plus rapidement que l’air ambiant (inversion des températures). Ainsi, au fil de la nuit, la masse d’air près du sol va petit à petit se refroidir. Les zones peu boisées et bien dégagées favorisent une baisse encore plus nette du mercure.
Lorsque les sols sont enneigés, les rayonnements infrarouges s’évacuent beaucoup plus rapidement dans l’atmosphère. En effet, la perte d’énergie est nettement plus importante lorsque de la neige est présente sur le sol. Ainsi, les températures peuvent fortement chuter dans le courant de la nuit, notamment si la masse d’air est déjà bien froide…
Les fonds de vallée ou « cuvettes » sont également d’autres zones propices aux fortes gelées. L’air froid va petit à petit s’accumuler au fond de la « cuvette » au fil de la nuit et rester piégé au fond de celle-ci faisant fortement chuter le thermomètre.
On peut aussi distinguer deux autres types de gelée :
la gelée d’advection ou « gelée noire » ou « gelée de plein vent » : elle est liée à une advection d’air froid en plein hiver (arrivée d’une masse d’air froid sur le pays) avec un vent « glacial » parfois destructeur pour la végétation. La température de la masse d’air est souvent assez homogène entre le sol et l’air ambiant (gel observé à tous les étages en basses couches) ;
la gelée d’évaporation : elle est liée à l’évaporation d’un sol humide surmonté par un air ambiant plus sec. Ce dernier va perdre de l’énergie et va progressivement se refroidir. Tout comme la gelée de rayonnement, la température est généralement très hétérogène entre le sol et l’air ambiant. Comme la perte d’énergie est plus forte tout près du sol, il y fait plus froid (0 à 10 cm), d’où le risque de verglas dès que la température mesurée à 2m sur une station météo est proche ou inférieure à +3°C.
Les gelées sur les régions Centre Val de Loire et Centrales
Sur nos régions centrales, on observe les premières gelées en moyenne fin octobre et courant novembre. On appelle une gelée précoce, une gelée apparue avant le 15 octobre et une gelée tardive, une gelée observée après le 15 avril. Sur nos régions, les gelées les plus précoces ont été relevées début septembre (-0,6°C le 05 septembre 1989 à Romorantin) et les plus tardives début juin (-0,8°C le 05 juin 1976 à Romorantin).
Au niveau de la répartition du nombre de jours de gel par an, c’est en Touraine qu’on en relève le moins (environ 40) et dans le Morvan qu’on en constate le plus (plus de 90). Cela est dû principalement aux climats et microclimats. On observe par exemple un climat plus océanique et doux vers la Touraine et une influence plus continentale et froide vers l’Est. Le climat de type montagnard sur les reliefs de l’Allier et du Morvan favorise également des gelées plus nombreuses et des périodes enneigées beaucoup plus longues. A l’altitude et à l’éloignement des côtes s’ajoutent les microclimats. Ceux-ci peuvent être causés par l’environnement périphérique d’une ville, par une forêt, par des champs, la nature du sol ou encore la proximité d’un cours d’eau. Ils favorisent éventuellement certains paramètres climatiques et peuvent donc avoir une influence sur le nombre de gelées mais aussi sur leur intensité.
Le printemps est synonyme de conflits de masse d’air entre les dernières descentes d’air arctique polaire maritime venant du Nord et les premières remontées d’air tropical venant du Sud. Le printemps est aussi synonyme des jours qui rallongent. Cela a un impact sur l’énergie reçue par nos sols et donc sur la température nocturne. Par exemple, en hiver, les nuits sont plus longues. Si on a la présence d’une masse d’air froid au-dessus de nos têtes (plus la présence de neige au sol) les températures minimales nocturnes seront donc beaucoup plus basses (voir schémas de « situations météorologiques propices au risque de gelée »).
Voici un exemple illustrant une situation météorologique propice aux gelées tardives en mai.
Copyright : run 00z 05/05/2019 du modèle GFS via Météociel.
Sur les schémas précédents, un puissant anticyclone positionné entre le Groenland et l’Ouest de la France a dirigé un flux de Nord sur notre pays et nos régions. Une masse d’air froid d’origine arctique a pu alors « s’engouffrer » sur l’Europe.
Ainsi, les gelées tardives se forment bien évidemment dans le même contexte qu’en hiver avec un ciel bien dégagé avec très peu ou pas de vent mais la différence est que la durée de la nuit est plus courte, limitant ainsi la température minimale nocturne. Il suffit d’avoir une descente de masse d’air plus froide, pour avoir des gelées plus fortes et destructrices pour les vergers, vignes et autres cultures.
La résistance des cultures dépend de la culture en elle-même. A noter que la température au niveau de la plante est différente de la température sous station (2m du sol).
Voici les divers stades végétatifs des arbres fruitiers et leur sensibilité au gel.
Les 11, 12, 13 mai sont les trois jours sensés marquer la fin des gelées dans nos régions. On parle des Saints de glace ou des Saintes Glaces. Sur votre calendrier, vous trouverez actuellement la Sainte Estelle, la Saint Achille et la Sainte Rolande. A l’origine les trois saints de glace étaient Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais.
L’origine historique
Cette croyance populaire en partie tirée de la religion catholique date du Moyen-Âge. Les paysans de cette époque priaient ces trois saints afin de protéger leurs récoltes d’une chute brutale des températures et des gelées.
Cependant, malgré cette pratique, il apparaîtrait que ces phénomènes touchaient régulièrement les récoltes. Ceci a sans doute provoqué l’apparition de cette période encore largement reconnue à l’heure actuelle. En effet, d’après cette légende populaire, une fois le 13 mai passé, le gel ne serait plus à craindre dans nos contrées.
De nombreux dictons sont d’ailleurs encore couramment utilisés, en voici quelques exemples :
« Saints Mamert, Pancrace et Servais sont toujours des saints de glace. »
« Avant Saint-Servais, point d’été ; après Saint-Servais, plus de gelée. »
« Quand la Saint-Urbain est passée, le vigneron est rassuré. »
Les causes des saints de glace
L’origine de ce phénomène fait encore polémique, certains évoquent un nuage diffus de poussières sur l’orbite de notre planète. Ces dernières bloqueraient une infime partie du rayonnement solaire, ce qui aurait pour conséquence la baisse des températures pendant quelques heures aux alentours des 12 et 13 mai. D’autres mettent en avant qu’aucune observation n’a confirmé l’existence de ces poussières.
On peut toutefois s’appuyer sur des faits scientifiquement prouvés. Aux latitudes moyennes de l’hémisphère Nord (les nôtres), le mois de mai correspond en effet à la fin de la circulation rapide des systèmes météorologiques hivernaux. Cependant, le passage de fronts froids reste tout à fait possible, ces derniers pouvant amener une chute brutale des températures voire des gelées (comme on l’a vu précédemment). De plus, si un anticyclone concerne nos régions et que le ciel se découvre la nuit, la perte de chaleur par rayonnement infrarouge est importante. Ceci peut également induire les phénomènes précédemment cités et même si les températures moyennes journalières ont tendance à grimper au fil des jours.
Les Saintes Glaces annoncent-elles à coup sûr la fin des gelées ?
Depuis l’année 2000, les villes d’Auxerre, d’Avord, de Bourges, de Châteauroux, d’Orléans et de Tours n’ont pas connu de gelée après le 13 mai. D’un autre côté, d’autres communes ont vécu au moins une fois ce phénomène bien après le 13 mai : Blois (-0,1°C le 15/05/2010), Chartres (-0,2°C le 15/05/2003), Châteaudun (-0,2°C le 14/05/2010), Nevers (-1°C le 17/05/2012 et -0,7°C le 15/05/2003), Romorantin (-0,6°C le 16/05/2012, -1,1°C le 16/05/2010, -0,6°C le 31/05/2006, -0,2°C le 01/06/2006 et -0,7°C le 18/05/2005) et Vichy (-1,4°C le 17/05/2012 et -0,1°C le 16/05/2003).
Les saints de glace ne sont donc pas infaillibles apparemment dans nos régions. Ils sont toutefois utiles pour les jardiniers et les agriculteurs. Ces dates bien qu’aléatoires à cause des variations locales, voire du réchauffement climatique restent en effet un marqueur dans le monde agricole notamment pour se rappeler quand le printemps prend réellement de la vigueur.
Gelées et records en mai dans nos régions
Généralement, le nombre moyen de jours de gel en mai se situe entre 0 et 1 sur la période 1981-2010. La station de Romorantin semble sortir du lot avec 0,7 jour de gel en moyenne au mois de mai.
Les gelées sont-elles plus rares de nos jours qu’auparavant en France ?
Les épisodes de froid et de gel tardif sont assez récurrents en mai. Par exemple, il a gelé par endroits sur nos régions les 1er et 02 mai 2018 (quelques autres dates de gel tardif en mai depuis 2010 : 02/05/2016, 04/05/2016, 04/05/2014, 16/05/2012, 17/05/2012, 14/05/2010). Cependant, pour retrouver des gelées aussi généralisées sur nos régions Centre-Val de Loire et Centrales, il faut probablement remonter à début mai 1979, soit il y a 40 ans !
En effet, d’après Météo France, le 06 mai 2019, on a observé la matinée la plus froide depuis 1979 en France ! Avec une moyenne de températures minimales de +2,5°C, soit 6,1°C sous les normes actuelles, cette date est rentrée dans le top 12 des matinées de mai les plus froides depuis 1947. C’est donc totalement inédit au 21ème siècle pour un mois de mai !
Sur nos régions Centre-Val de Loire et Centrales, on a mesuré jusqu’à -3,8°C à la station de Romorantin, en Sologne, soit la température la plus basse en plaine en France ! Cette valeur est à +0,4°C du record mensuel sur cette station (record : -4,2°C le 07/05/1957). Quelques autres records ont été approchés (à +0,5°C environ du record) et battus sur le réseau METAR :
Tours (37) : -0,2°C ce 06 mai 2019 (record : -0,6°C le 08/05/1974) ;
Chartres (28) : -0,5°C ce 06 mai 2019 (record : -1°C le 01/05/1945) ;
Pithiviers (45) : -1°C ce 06 mai 2019 (ancien record : -0,5°C le 04/05/1979).
Toujours d’après Météo France, de telles températures inférieures aux normes étaient plus courantes dans le passé. Depuis 1980, en France, toutes les matinées de mai ont eu un indicateur national de température minimale supérieur à +3,2 °C (sauf ce 06 mai 2019 avec +2,5°C). Avant 1980, les matinées de mai avec indicateur inférieur à +3°C étaient observées de temps en temps : +1,2°C le 01/05/1960, +1,2°C le 07/05/1957, +1,8°C le 05/05/1979, +1,9°C le 03/05/1979, +2,1°C le 01/05/1976, +2,1°C le 01/05/1962, +2,2°C le 07/05/1979, +2,4°C le 04/05/1979, +2,4°C le 02/05/1960, +2,5°C le 03/05/1960, +2,5°C le 06/05/2019, +2,5°C le 03/05/1967.
Ce début mai 2019, quelques flocons ont aussi été signalés localement sur nos départements. Les épisodes neigeux en mai sont rares mais ont déjà été constatés par le passé. Ainsi, entre les 07 et 08 mai 1997, on a relevé jusqu’à 5 cm de neige à Tours (37) !